Flight Simulator 2020 : entretien avec Jörg Neumann, chez de projet chez Asobo : « Nous voulons bien représenter la planète ! »

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Asobo. Si vous suivez la saga Flight Simulator 2020, le nom vous dit quelque chose. Il s’agit de la franchise chargée de faire à nouveau décoller le simulateur de Microsoft. Récemment, le directeur de projet Jörg Neumann s’est entretenu avec le quotidien allemand Der Standard. Pour rappel, nous vous avions déjà proposé un interview il y a un mois où il annonçait la possibilité de voir des avions militaires dans le simulateur. Aujourd’hui, il revient principalement sur les attentes des utilisateurs de la simulation de vol. Nous vous proposons une traduction de l’interview. Pour les plus pointus d’entre vous, vous pouvez retrouver l’interview complète ICI (uniquement en allemand).

Der Standard : Comment Flight Simulator se « réalise » d’un point de vue technique ?

Jörg Neumann : Avec les technologies du futur ! Elles ont commencé à être utilisées quand je travaillais sur un projet senblable. L’idée derrière est la suivante : lorsque qu’on visite un lieu, on a le sentiment d’y être véritablement. Je me suis ensuite demandé comment reproduire cela dans le monde entier. J’en ai ensuite parlé à Phil (Phil Spencer, responsable de la division Xbox chez Microsoft). Il m’a regardé et m’a demandé : « Mais pourquoi tu me montres une vidéo de Seattle dans un simulateur quelconque ? ». Je lui ai fait regarder à nouveau les images mais j’ai bougé le joystick devant moi. Puis il m’a fixé avant de dire : « Oh, c’est en temps réel ? »

Mais cela représente seulement une ville ! Et il y en a deux millions ! Je suis allé voir les gens de Bing (Microsoft) et il m’ont retourné plus de deux péta bytes de données d’imagerie satellite. Et il nous fallait aussi un moteur de streaming capable de gérer ces données. Dans mon passé j’ai eu l’occasion de travailler avec Asobo qui a les technologies nécessaires. Nous nous sommes associés et tout à bien fonctionné. Le cloud a permis cela.

Der Standard : Comment fonctionne la simulation ? 

J.Neumann : Nous avons un fournisseur en Suisse qui nous ramène les données de températures, de pression et bien d’autres de plus de 65 000 sources météos différentes dans le monde. Mais nous avons également nos partenaires. Par exemple, nous avons des partenaires qui nous fournissent toutes les données des avions. En complément, nous collectons également les données liées aux bateaux. Nous voulons également collecter des données sur les trains et les animaux. Nous voulons bien représenter la planète !

Der Standard : Y-aura-t-il des saisons ?

J.Neumann : Éventuellement, oui. Nous savons que les joueurs le veulent. Je lis chaque jour dans les forum, ce que les joueurs veulent. Chez Asobo, nous collectons ces requêtes en comptant combien de fois elles sont mentionnées. Elles sont ensuite classées par ordre de priorité. La VR (Virtual Reality) comme les saisons sont les deux grosses priorités chez Asobo. Nous apportons une attention particulière à ce que les joueurs désirent. En aucun cas, nous sortirons le jeu l’année prochaine puis arrêterons le support qui va avec. Nous nous en occuperons pendant au moins 10 ans.

Cependant, je me refuse à ce qu’on puisse sortir un produit à moitié fini. Par exemple, les joueurs veulent un hélicoptère. Nous devons le leur rendre. Mais pour faire un bon hélicoptère, il nous faut l’avis d’un pilote d’hélicoptère. On ne peut pas le faire si on ne sait pas ce que ressent réellement le pilote sur sa machine.

Der Standard : A propos de la configuration requise : est-ce que des configurations « d’aujourd’hui » seront suffisantes pour faire tourner le jeu ?

J.Neumann : Oui, oui. Les gens pensent qu’il faudra une configuration plus musclée. On peut tout faire. Par exemple, on peut pousser tous les curseurs à gauche. On pourra alors jouer au jeu sans problème mais les bâtiments ne seront pas aussi beaux que ce qui est promis.

Der Standard : Vous venez d’évoquer la VR. À quel point est-ce important ? 

J.Neumann : Très ! Asobo et moi même avons des années d’expérience. Nous savons comment arriver à quelque chose d’abouti. Nous voulons littéralement isoler le cockpit du reste du monde. On pourra alors se déplacer librement avec le paysage en arrière-plan. Nous avons commencé à travailler dessus, mais nous voulons également bien le faire.

Der Standard : Un SDK pour les développeurs d’add-on est-il prévu ?

J.Neumann : Oui, il y en aura un. Normalement, ce type d’outil pour un jeu est disponible en temps normal à la sortie du jeu. Ici, nous allons le faire différemment. Le SDK sera disponible six mois avant la sortie de Flight Simulator 2020. Ce SDK agit plus comme une plateforme qu’un simulateur à part entière. Il y a tout un écosystème qui existe autour de ce SDK avec les développeurs d’add-ons. Ces derniers sont plutôt contents de ce que le SDK va pouvoir offrir. J’ai souvent discuté avec les développeurs en leur demandant de quelles fonctionnalités ils auraient besoin afin de faire un bon SDK.

Der Standard : Est-ce que Flight Simulator X restera ouvert aux add-ons ? 

J.Neumann : Oui. Le développement de FSX s’est arrêté en 2007. Le jeu était prévu d’avoir une troisième vie. A cet effet, je discutais avec un développeur afin d’avoir un aéroport dans le jeu. Il m’a dit que c’était son job. Alors il a pris une semaine de vacances, a obtenu un pass All-Access et a pris plus de 40 000 photos et un an l’aéroport était construit. Nous voulons ce type de personne !

Der Standard : Pourra-t-on stocker des paysages sur le PC ?

J.Neumann : Oui. On peut également streamer le jeu. Nous sommes assez du streaming adaptatif. Si vous avez entre 15 et 25 Mbit/s de débit, vous pourrez streamer en HD. Autrement ce sera au format SD (standard, NDLR). Si vous n’avez carrément pas d’Internet du tout, vous aurez cependant un monde sur votre PC – ce sera dynamique. On pourra également charger sa propre route. Il n’y aura alors plus du tout besoin de streaming. La plupart des pilotes vont rester en « local ». Je pense qu’ils auront téléchargé la route au préalable.

Der Standard : Ces derniers temps, les news autour de Flight Simulator étaient  assez rares. Maintenant, on est dans une phase où il fait du bruit un peu partout. Pourquoi ?

J.Neumann : La technologie et les outils. Nous voulons avoir un haut niveau de réalisme. Et pour ce faire, nous avons besoin de deux choses : des rendus photo réalistes et toutes les données qui peuvent être mesurées. Le monde entier est à présent mesuré par des capteurs. Ce qui n’était pas le cas avant. Ce qui n’existait également pas avant, c’était la possibilité d’amener toute cette masse de données au grand public. Nous savons par exemple produire des incendies de forêt dans le simulateur en temps réel. Ces données ne coûtent  rien. Sans le cloud et tous nos partenaires cela n’aurait pas fonctionné.

Der Standard : A qui se destine principalement le jeu ?

J.Neumann : Notre but est que tous ceux qui ont le rêve de voler puissent voler. Nous avons en plus de pilotes aspirants ou de vrais pilotes un public qui désirent juste visiter la planète. Notre jeu doit également en tenir compte. Flight Simulator est fait comme si on prenait des cours de pilotages. On peut s’aider de tutoriels et d’exploitations. Piloter un Cessna ce n’est pas trop dur. Au bout d’une semaine, on arrive à voler correctement avec cet appareil. Les grosses compagnies aériennes sont également un autre thème – c’est aussi un bon job.

Nous avons, par l’intermédiaire de notre trailer, vu que certaines personnes désireuses d’acheter Flight Simulator n’avaient jamais fait de simulation de vol avant. Mon travail consiste seulement à leur donner cette possibilité de jeu et d’apprendre à voler et aussi de passer un bon moment. Je me sens responsable de cela.

Der Standard : Le prochain Flight Simulator va sortir en 2020. Que va-t-il se passer jusqu’à la date de sortie ?

J.Neumann : Nous avons presque fini avec les avions. Nous devons à présent discuter avec les gens. Ils nous diront ce que nous devons encore améliorer. Les aéroports sont eux aussi bien avancés, mais on peut naturellement encore les améliorer. En tant que biologiste, je pense également aux nombreux animaux qu’il y a dans le jeu. La planète est bien plus intéressante avec de la vie dessus. Nous travaillons actuellement sur les trains et les bateaux.

Les saisons sont également un thème à part entière. La neige est assez facile à ajouter au simulateur. Mais il faut aussi ajouter d’autres choses comme des véhicules de salage ou de déneigement par exemple. Sachant que la neige aura fondu à certains points, les rivières seront différentes. Le même type de raisonnement s’applique pour les animaux, en particulier pour les oiseaux. Certains auront tendance à voler au sud, d’autres au nord. Nous avons beaucoup parlé de comment faire cela.

Propos recueilli par Daniel Koller à Londres le 24 Septembre 2019.