Notre essai du Fenix Simulations A320

Fenix Simulations

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Qui dit Flight Simulator, dit add-ons, et plus précisément avion hardcore. Le dernier simulateur de Microsoft ne déroge pas à la règle. Il aura fallu près de 2 ans avant d’avoir les premiers logiciels complexes opérationnels entre les mains.

Si les grosses écuries telles que PMDG, Aerosoft ou Leonardo étaient annoncées depuis le début, l’illustre inconnu Fenix Simulations a surpris tout le monde en annonçant une sortie à très court terme… de l’Airbus A320 le plus réaliste jamais paru sur simulateur…rien que ça… Quelques semaines plus tard, nous avions donc dans notre hangar cette fascinante réplique virtuelle du constructeur base à Toulouse.

Après quelques dizaines d’heures à ses commandes, voici un premier jet sur les impressions que nous a donné cet A320, un avion qui a donné tant de fil à retordre aux développeurs depuis l’avènement de la simulation sur PC.

 

L’Airbus A320

Nous n’allons pas une énième fois présenter à nouveau la famille A320, la lignée d’avion moyen-courrier désormais la plus représentée au monde avec ses variants (A318, A319, A321) et qui a inauguré l’ère des commandes de vol électriques (FlyByWire). Le consortium européen en a livré à ce jour plus de 10 000 exemplaires depuis sa mise en service en 1988, en comptant l’A320 Neo qui a repris le flambeau depuis 2016.

Fenix nous propose donc de nous mettre aux commandes d’un unique model: l’A320-214 CEO (rétroactivement renommé ainsi pour “Classic Engine Option” pour le différencier du récent A320 NEO) propulsé par les moteurs CFM56 et équipé des traditionnelles winglets.

 

Achat et installation 

Contrairement à beaucoup d’éditeurs, l’A320 de Fenix n’est pas disponible sur le Marketplace de MSFS. Il faut donc en passer par le site de Fenix et télécharger l’installeur après l’inévitable passage à la caisse. Rien de nouveau ou à signaler de particulier à ce niveau.

 

 A l’extérieur 

Une fois arrivé sur le tarmac, nous commençons notre petit walkaround pour admirer la splendide réalisation du modèle extérieur. D’une manière générale, la combinaison PBR + MSFS a littéralement donné un coup de fouet à la qualité visuelle à s’y méprendre avec la réalité.

Fenix n’a pas manqué l’occasion de nous impressionner avec un sens du détail rarement observé de mémoires de simeur. La précision des éléments tels que les rivets ou les plaques du fuselage sont la preuve d’un travail méticuleux où tout a été reproduit fidèlement en réduisant au maximum l’effet “générique” que l’on peut ressentir sur de nombreux add-ons. Même les ventilateurs des freins de roue sont apparents et actifs le cas échéant. Et puisque notre A320 n’est plus tout neuf, la saleté et diverses taches  parsèment le fuselage.

Concernant les animations, nous avons le choix de déployer une panoplie de véhicules et de matériels assez basiques sur un tarmac: GPU, cônes, escalier, etc… Cela aurait pu être plus exhaustif mais les opérations au sol se synchronisent bien avec les véhicules par défaut de MSFS, comme le push back ou le tapis à bagage. Le vent ne manque pas de faire tourner les ailettes des réacteurs (le windmilling). Rien à redire en vol avec principalement un effet wingflex pas très prononcé (comme sur le vrai A320).

 

A l’intérieur

L’enveloppe est belle, mais le contenu l’est également. Les premières impressions sont les bonnes puisque l’ambiance du poste de pilotage de l’A320 est bien répercutée, avec en prime des effets d’usure sur les différents éléments prouvant que notre A320ceo a déjà un paquet d’heures sur son carnet de vol.

Pour vous mettre à votre aise, il est possible de déployer la très appréciée tablette (merci le mini manche Airbus), déployer le pare soleil ou encore relever et abaisser l’accoudoir. Rien de révolutionnaire en somme, mais après tout, que manque-t-il? Les sièges et les palonniers réglables peut être, mais c’est à peu près tout et d’aucuns diront qu’il s’agit de gadgets pour un simulateur.

Une fois la nuit tombée, nous ferons mention d’un éclairage fidèle dans ses moindres lampes, ainsi que d’un joli effet sur les écrans LCD où les contours apparaissent plus lumineux que le milieu dans l’obscurité. En revanche, nous avons trouvé la netteté des gauges un peu altérée, mais peut-être est-ce dû à un mauvais réglage de note part…

Nous terminerons ce chapitre en soulignant que Fenix a inclus une magnifique cabine virtuelle, une denrée devenue rare sur les add-ons « hardcore”, et nul doute que beaucoup apprécieront de pouvoir se dégourdir virtuellement les jambes pendant le vol.

 

Aux commandes

Au risque de nous répéter, nous allons recopier une énième fois le principe des commandes de vol Airbus, la Fly By Wire comme nous l’avons déjà fait dans de précédents tests:

Qu’est-ce donc exactement ? Le Fly-by-Wire (commandes de vols électriques) consiste à introduire un contrôle informatique entre le manche du pilote et les commandes de vol. Ainsi, lorsque que celui-ci actionne son mini-manche (le side stick qui est en fait un joystick ressemblant à celui de votre ordinateur), un signal numérique est envoyé à une série d’ordinateurs qui vont à leur tour actionner les systèmes hydrauliques pour mouvoir les gouvernes. Le déplacement du manche ne commande pas directement une position des gouvernes, mais un facteur de charge pour l’assiette et un taux de roulis pour l’inclinaison, qui lui-même ajustera ces gouvernes en conséquence afin d’atteindre l’altitude désirée. De plus, ce système a l’avantage de protéger le domaine de vol, c’est-à-dire qu’il rend théoriquement impossible les positions inusitées (grand angle d’attaque, décrochage, etc….). Ce mini manche est relié électroniquement aux ordinateurs et n’a pas de liaison mécanique avec les commandes de vols. Ceci rend la gestion des pannes très particulière comme nous le verrons plus loin.
Depuis l’A320, tous les Airbus sont conçus de la sorte.

 Ces ordinateurs : ELAC 1, ELEC 2, FAC1, FAC2, SEC1, SEC2, SEC3 sont regroupés sous le nom de EFCS ( Electronic Flight Control System) et offrent un très haut niveau de redondance. Afin d’offrir un niveau de protection optimale du domaine de vol, ceux-ci ont besoin d’un certain nombre d’informations (altitude, vitesse, etc..). En fonction d’éventuelles pannes venant réduire le nombre d’informations nécessaires, le niveau de protection est diminué graduellement. Chaque niveau de protection est défini par une loi :

  • Normal Law : toutes les fonctionnalités et protections sont opérationnelle
  • Alternate Law: certaines protections disparaissent.
  • Direct Law: s’active notamment à la sortie du train d’atterrissage lorsque l’Alternate Law est actif. A ce stade, nous repassons dans une logique de vol conventionnel, c’est-à-dire direct du manche aux commandes de vols. Dans le pire des scénarios où il y aurait une perte totale d’électricité, donc entraînant la perte du mini manche, il reste possible de contrôler l’assiette via la roue du trim et le virage via les pédales (mechanical back up).

Voici brièvement les principales protections que le Fly by Wire offre aux pilotes :

Facteur de charge

Peu importe la vitesse à laquelle le pilote bouge le manche, le facteur de charge sera limité de +2.5 à -1 G en configuration lisse (+2 à 0 G pour les autres)

Roulis

La limite latérale est de 67 ° et 33° lorsque que le manche est relâché.

Décrochage

  • Limitation de l’assiette de 30° (25° Volets Full) à -15°
  • Limitation de l’angle d’attaque. Si celui-ci est excédé, le mode Alpha Floor augmentant la puissance des moteurs s’actionne.

Survitesse

  • Quand la MMO/VMO est excédée, l’assiette augmente pour réduire la vitesse et revenir dans la plage de tolérance.

En fonction du niveau de dégradation des systèmes et des conditions de vols, ces limites peuvent varier ou disparaître.

De l’avis de tous les “experts Airbus” sur simulateur, Fenix a placé la barre très haut et dompté cet aspect si particulier de l’avion et qui avait posé tant de fil à retordre aux éditeurs. Il n’est pas le premier Airbus à atteindre son objectif, mais le résultat en terme de comportement en vol et de performance est très satisfaisant. Il est également possible de challenger les ordinateurs en simulant des pannes, nous y reviendrons.

La seul lacune rapportée est une puissance au décollage et un débit carburant des moteurs un peu éloignés de la réalité, mais il s’agit là plus de chipoter que de vraiment trouver un point faible…

 

Les systèmes

Le moment de vérité arrive quand on s’installe dans le cockpit et que l’on découvre les systèmes, surtout quand il s’agit d’un Airbus et que la concurrence ( y compris gratuite comme FlyByWire) est déjà d’un très haut niveau. Le terme “hardcore” semble perdre de son exclusivité tant les programmeurs vont désormais très loin en terme de profondeur des systèmes et de fonctionnalité et cela tend à devenir la norme.

Le Fenix dispose naturellement d’un cockpit entièrement fonctionnel jusque dans les moindre détails. Par ailleurs, il s’adresse aux initiés qui ont déjà une bonne connaissance des systèmes Airbus et ne perd pas de temps avec de quelconques tutoriaux.

  • L’avionique:

L’interface pilote-machine est l’élément le plus visible la philosophie Airbus. Que dire ici si ce n’est que tout est remarquablement et intégralement simulé?

Le FMGS est ultra complet et intègre même un système ACARS des plus complet jamais vu sur simulateur. La fonction ATC (ATSU) est particulièrement impressionnante et permet l’utilisation du CPDLC avec Hoppie pour le vol en réseau. Il est aussi possible de communiquer avec les opérations de la compagnie pour par exemple rapporter un retard ou encore accepter la loadsheet.

Le pilote automatique se comporte à merveille et les différents crans de l’auto manette sont bien transposés sur manette des gaz du joystick sans autre forme de réglage.

Concernant l’affichage, le PFD, le ND sont sans reproches, et les innombrables messages de l’ECAM sont évidemment de la partie, sans omettre les incontournables checklists d’urgence (ECAM actions).

La seule déception vient de l’absence de radar météo, mais Fenix n’y est strictement pour rien puisqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes, Flight Simulator ne permet pas encore techniquement d’intégrer un nouveau radar météo . Ceci devrait être à priori réglé  avec l’arrivée de la Sim Update 10 de MSFS.

  • Electrique, hydraulique, carburant, etc…

Il est presque inutile de préciser que toutes les commandes des systèmes sont reproduits au plus près de la réalité et que toutes les actions se répercutent sur ceux-ci de manière cohérente.

Ceci permet de jouer à loisir avec les pannes qui sont programmables depuis un menu du FMS. Le critère de “study level” prend alors tout son sens et le Fenix peut même faire office d’outil pédagogique officieux pour l’avion réel. La gestion de ces pannes est d’autant plus poussée que même les disjoncteurs (circuit breakers) sont simulés, une caractéristique encore rare, même chez les meilleurs.

  • L’EFB:

Les tablettes tactiles (appelées Electronic Flight Bag en langage aéronautique) ont envahi les cockpits des avions commerciaux (et même privés) depuis quelques années; il était normal que la simulation reproduise le mouvement. L’EFB a comme principale mission de remplacer l’abondante documentation papier à bord en la stockant dans la mémoire d’une tablette. Ainsi, des checklists à l’OFP en passant par les tables de performances et les manuels, tout est dématérialisé, un gage d’économie de poids et de gain d’ergonomie. Le pilote a aussi à sa disposition toutes sortes d’applications et de logiciels de calcul à portée de doigts.

Fenix a encore fait le choix du réalisme. Notre A320 en question étant conçu à une époque où il n’y avait pas encore d’EFB, nous avons l’intégration d’un iPad (même 2 avec le copilote) contenant donc plusieurs applications .

Nous en avons une pour la masse et centrage, une pour les performances de décollage, une autre pour les performances d’atterrissage. On retrouve également les immanquables intégrations de Simbrief pour l’OFP et de Navigraph pour les cartes. Les retours de l’avis des utilisateurs sont extrêmement positifs c’est à priori ce qui se fait de mieux jusqu’à présent.

 

Les sons

En revanche, les sons n’ont pas franchement enthousiasmé les foules, et nous non plus d’ailleurs. Le son des moteurs manque un peu de caractère et le spool up si caractéristique des réacteurs n’est pas franchement convaincant. Rien de scandaleux mais on s’attendait à un rendu sonore au niveau des prestations générales. Cela est loin d’être rédhibitoire mais il était logique de le signaler.

L’ambiance sonore aussi bien en cabine que dans le cockpit est aussi assez discrète. Pas de call du copilote, pas d’annonce du personnel de bord ou de bruit des passagers pendant l’embarquement. On se contentera du minimum, à savoir des alertes orales des systèmes qui sont quant à elles sans faille.

Dans cette optique, une attention est d’ailleurs portée aux sons de l’APU, du GPU ou du windmilling des moteurs en ce qui concerne l’extérieur.

 

La documentation

Voilà une autre tendance constatable ces derniers temps, la documentation se fait de plus en plus succincte; un paradoxe pour accompagner un avion aux systèmes complexes. Notre analyse est qu’en plus de difficulté à obtenir les droits intellectuels des manuels constructeur, la popularité de certains modèles d’avion font que beaucoup de simeurs sont déjà très familiers avec le pilotage de ces avions, comme l’est l’Airbus A320 par exemple. De plus, il est grâce à internet plus aisé de se procurer du matériel issu de l’avion réel pour maitriser ces add-ons de plus en plus proches de la réalité.

Quoiqu’il arrive, les pilotes de l’A320 Fenix devront se contenter d’un bref fascicule de l’éditeur, par ailleurs accessible depuis l’EFB. Ce même EFB ainsi que les outils de planification tierces (comme Simbrief ou PFPX) permettent de se passer aisément des tables de performance classiques. Le pilote virtuel est lui aussi contraint de vivre avec son temps…

 

Sur votre PC

N’y allons pas par quatre chemins, notre A320 est gourmand en ressource. Nous sommes bien en dessous des autres quelques réalisation complexes d’avion de ligne pour MSFS en terme de fluidité. Cela a d’ailleurs été signalé à Fenix qui a légèrement corrigé le tir lors d’une dernière mise à jour. Nous avons également vécu quelques plantages et fermetures inopinées du simulateur, ce qui est toujours terriblement frustrant.

Un réglage permettant de basculer l’affichage du CPU à la carte graphique donne des résultats intéressants en terme de FPS, mais soyons honnête, les configurations les plus modestes souffriront. La Sim Update 10 de MSFS (déjà disponible en beta) semble en revanche plus prometteuse… A confirmer…

Notre machine test

  • Microsoft Flight Simulator SU9
  • Windows 10 Professionnel
  • Intel i7-7700K 4.2 Ghz
  • SSD M2 1 To
  • RAM DDR4 32 Go
  • KFA GeForce GTX 1070

 

Les extras

Pas grand-chose d’incroyable à signaler, si ce n’est une interface de configuration simple et un intéressant téléchargeur de livrées bien fourni qui permettra aisément de voler sous vos couleurs de prédilection.

Pour une immersion encore plus grande, l’assistant virtuel de MSFS a été désactivé afin de réellement maitriser l’A320 sans tricher.

 

Au final

Ce que nous avons aimé (+)

  • Les systèmes Airbus les plus complets et réalistes jamais modelisés
  • Le modèle de vol précis
  • Le visuel de haut niveau
  • L’EFB très pratique
  • Le rapport prestations/prix excellent

Ce que nous avons moins aimé (-)

  • Gourmand en ressources
  • Les problèmes de stabilité rencontrés
  • L’absence de documentation sur l’A320
  • Le copilote silencieux

 

Références

Fenix Simulations A320 – v1.0.2.104

49.99 GBP (environ 59 EUR à ce jour)

http://fenixsim.com/

NOS NOTES ...
Achat, installation et prix
Systèmes & dynamisme
Graphismes & Environnement
Extras (utilitaires, etc...)
Performance et stabilité
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notre-essai-du-fenix-simulations-a320Apparu presque subitement et sorti de nul part, l’A320 de Fenix incarne parfaitement cette nouvelle génération d’add-ons qui dispose de toutes les dernières innovations: ACARS, EFB, OPS virtuelles, le tout couplé à un niveau de modélisation des systemes ultra complet. C’est désormais le standard sous le merveilleux Flight Simulator 2020. Même si quelques petites lacunes s’apparentant à des défauts de jeunesse subsistent, le résultat est épatant et il n’y a aucune excuse pour ne pas l’avoir dans son hangar virtuel, surtout avec un rapport prix/prestation si amical.