Microsoft Flight Simulator 2020 – Notre grand test

v1.11.5.0

6
12034

INTRODUCTION A MSFS

La renaissance d’une légende

L’apparition d’un nouveau simulateur de vol constitue toujours un évènement majeur mais lorsqu’il s’agit du retour du légendaire Flight Simulator, c’est un séisme, surtout quand celui-ci semblait délaissé pour l’éternité. En effet, après la sortie de Flight Simulator X en 2006, Microsoft avait abandonné l’idée de donner un futur à cette série qui a, à peu près, tout inventé dans la simulation aérienne grand public. Cependant, il semblait improbable pour la communauté d’en rester là. Lockheed Martin assura l’intérim à partir de 2010 avec son Prepar3D enfin passé aux 64 bits en rachetant le code source du jeu à Microsoft.

En 2019, un coup de tonnerre retentit quand Microsoft annonça que le mythique simulateur renaitrait dans une toute nouvelle version.  La surprise fut encore plus totale quand on apprit que c’était la firme bordelaise Asobo Studios qui avait été mandatée pour développer la nouvelle version intitulée sobrement Microsoft Flight Simulator ou MSFS en version raccourcie. On comprit alors rapidement que ce nouvel opus serait totalement inédit, voire révolutionnaire.

Nous le verrons, il ne s’agit pas d’une évolution en douceur de Prepar3D ou de Flight Simulator X, mais d’une plateforme radicalement nouvelle aux innovations techniques encore jamais vues sur un simulateur.

Une saga de près de 40 ans

La première version de Flight Simulator apparut en 1982 pour PC IBM. C’est en tout 14 versions qui ont vu le jour jusqu’à aujourd’hui. Parmi elles, mentionnons la version Steam de Flight Simulator X ainsi que le marginal Microsoft Flight paru en 2012.

Flight Simulator est en quelque sorte le miroir de l’histoire des progrès de l’informatique et de Windows et pas seulement dans le domaine des jeux vidéo. C’est réellement à partir de Flight Simulator 95 que les bases d’un logiciel moderne et réaliste tel que nous le connaissons ont été posées. Rendu visuel, modèle de vol, cockpits réalistes, aéroports fidèlement reproduits, météo, etc… les versions suivantes ne vont cesser de s’améliorer afin de procurer à l’utilisateur la meilleure expérience possible : pouvoir survoler la planète entière dans les conditions les plus proches de celles des vrais pilotes.

L’autre secret de la longévité et du succès de Flight Simulator est de permettre aux développeurs tiers et à n’importe qui au final de pouvoir l’améliorer en y intégrant des logiciels externes ; ce sont les fameux add-ons. Cette flexibilité permet de personnaliser le simulateur à outrance et de l’adapter à son niveau d’exigence et d’utilisation : scènes et paysages améliorés pour les adaptes du VFR, avions de lignes aux systèmes sophistiqués pour les passionnés des avions de ligne, trafic aérien réaliste,  vol en réseau, etc… Les add-ons aussi bien gratuits que payants pullulent depuis une vingtaine d’année à tel point que certains éditeurs sont devenus de prospères sociétés dont le niveau technique n’a rien à envier à l’aviation réelle. Flight Simulator est en effet fréquemment utilisé par les professionnels de l’aviation comme outil didactique en marge de leur formation. Beaucoup de pilotes professionnels avoueront « avoir appris à piloter sur Flight Sim » avant même d’avoir touché le manche à balai d’un véritable avion.

Un développement participatif

Le développement de Microsoft Flight Simulator 2020 est totalement inédit. En effet, dès l’annonce de sa parution, Microsoft et Asobo ont sélectionné quelques milliers de testeurs privilégiés ayant à disposition le simulateur en avant-première afin d’en faire des retours sur ses défauts et caractéristiques. MSFS (l’abréviation communément utilisée) a donc été en partie élaborée sur base des retours d’utilisateurs afin d’aboutir à un produit le plus proche possible des attentes du public.

Malgré sa sortie officielle le 18 août 2020, MSFS n’a pas fini d’évoluer. Asobo continue de prendre en compte les avis des utilisateurs et publie régulièrement des mises à jour. Certains déploreront peut être que les clients soient devenus des betas testeurs et qu’ils aient dû payer pour un logiciel non achevé. Le point positif est qu’à terme nous arriverons à une plateforme mature dont les perspectives d’évolutions sont encore immenses et qui conviendra à l’ensemble de la communauté.

ACQUIERIR MSFS

3 versions

Depuis FS2000, Flight Simulator était proposé en 2 versions : Standard et Professionnelle (devenue Deluxe sur FSX). Dans l’édition 2020, c’est 3 versions distinctes qui nous sont proposées :

  • Standard – 69.99 EUR
  • Deluxe – 89.99 EUR
  • Premium Deluxe – 119.99 EUR

Concrètement, ces versions diffèrent au niveau des avions et des aéroports détaillés inclus. Bien sûr les tarifs sont en conséquence, ceux ci n’ont d’ailleurs pas subi de grosse inflation par rapport à Prepar3D.

Steam et le Xbox Pass de la partie

Pour en faire l’acquisition, 2 méthodes s’offrent à vous :

  • Téléchargement, au choix:

-Achat unique chez Microsoft

-En souscrivant le Xbox Pass, toujours chez Microsoft

-Depuis la plateforme Steam

Une fois l’application lancée, MSFS va télécharger les quelques 130 Go (!) du contenu du logiciel. Nos condoléances à ceux ne disposant pas d’une bonne connexion ou étant soumis à un volume de téléchargement limité.

  • Version boîte : La bonne vieille méthode disponible sur les marchés européens. Celle-ci contient 10 (!) DVD qui nécessitent environ 3 heures 30 d’installation.

Pour ce test, nous avons utilisé la version Steam qui va comme un gant à MSFS. L’installation est aisée et l’activation sans souci.

SE LANCER DANS MSFS

Un changement radical

Voilà, vous y êtes, vous accédez enfin à MSFS 2020 et là c’est le choc des générations. Flight Simulator et dans une moindre mesure Prepar3D nous avaient habitué à une présentation et une arborescence des menus plus ou moins proches depuis des années. Ici, l’ergonomie a été pensée différemment et en mieux selon nous. L’autre bonne nouvelle c’est que la prise en main est facile et qu’on s’y habitue très vite. Asobo a privilégié les grosses icones avec un menu prenant tout l’écran plutôt qu’une simple fenêtre et des petites cases.

Le monde entier en quelques clics et un planificateur de vol assez évolué

Parmi ces icônes géantes, le centre névralgique du simulateur s’intitule « Carte du Monde ». C’est d’ici que l’on peut accéder à n’importe quel aéroport, mais aussi et surtout planifier un vol.

Si par le passé cette fonction était limitée en ressources, on a ici un apport considérable : l’accès à une base de données de navigation en ligne, celle de NavBlue (filiale d’Airbus). Ainsi, les données de navigation (balises, routes aériennes procédures,…) sont celles en vigueur dans l’aviation réelle selon les cycles AIRACs. C’est idéal pour garder une cohérence si vous utilisez des données tierces comme des cartes de navigation ou d’approche à jour ou un avion importé (lui aussi à jour). Sans être d’un niveau professionnel, la planification des vols a franchi un grand pas et en voici les principales caractéristiques :

  • Les plans de vol sont réalisables aussi bien en IFR qu’en VFR.
  • Possibilité d’importer des plans de vols externes au format .PLN, créer par exemple par un planificateur de vol externe tel que SimBrief ou PFPX.
  • Insertion des  SIDs et STARs dans le plan de vol, mais aussi toutes les approches aux instruments publiées (RNAV Z, ILS Y, ILS X, etc…).
  • Un log de navigation simplifié est généré (pas d’OFP au format compagnie aérienne).

Avant de lancer votre vol, vous pouvez paramétrer certains éléments de votre environnement. L’icône « Conditions de vol » permet de régler 3 principaux éléments :

  • Le Multijoueur: Seul, en groupe ou en ligne avec les utilisateurs du monde entier.
  • Le Traffic AI : Réaliste en utilisant les données en direct de FlightAware, AI (comme sur P3D ou les précédents FS) ou aucun. Notons qu’à ce jour les avions AI n’ont que des livrées génériques donc ne soyez pas surpris de ne pas voir les couleurs des vraies compagnies.
  • La Météo réelle : De retour (elle avait disparu de P3D), scénario préréglé ou personnalisé. Nous y consacrerons plus loin une section entière.

Pour finir, n’oublions pas le choix de l’avion et divers éléments :

  • Livrées
  • Masse et Centrage (plutôt basique, pas de « loadsheet » type compagnie)
  • Pannes (actives ou programmées, là aussi basiques dans la lignée des précédents FS)
  • Paramètres ATC (indicatif, numéro de vol, immatriculation).

Votre profil vous suit partout

Autre approche nouvelle, lorsque vous utilisez MSFS, votre simulateur est « loggé » à votre compte utilisateur Microsoft XBox. La partie « Profil » concentre toutes les informations et réglages de votre profil utilisateur, comme votre carnet de vol, vos add-ons installés ou votre hangar d’avions. C’est pratique si vous êtes plusieurs à utiliser le même PC, ainsi chacun peut se connecter avec sa propre session. A l’inverse, vous pouvez vous connecter sur l’ordinateur d’un ami et y retrouver vos données.

MSFS accentue cette habile tradition d’être un simulateur grand public s’adressant aussi bien aux novices qu’aux initiés les plus exigeants. Il est possible de régler le niveau de réalisme et de difficulté du pilotage dans divers domaines en fonction de votre capacité.

Des défis spectaculaires

L’icône « Partie » permet d’accéder à des challenges d’atterrissage proposés parmi des aéroports connus soit pour leurs approches difficiles ou leurs localisations mythiques et vous mesurez avec les joueurs du monde entier. Ainsi, tentez d’atterrir avec le 747-8i à New York JFK, poser l’A320 Neo à Madère ou le TBM930 sur la courte de piste de Saint Barth. En fonction de la qualité de votre atterrissage, vous obtenez un nombre de point dans le classement mondial du défi en question.

MSFS a également repris le principe des « aventures » qui étaient proposées sur les anciens FS. Prenez les commandes d’un avion de brousse et conduisez vaillamment de longues navigations VFR dans des conditions délicates : Patagonie, Balkans, Alaska, Désert du Nevada, tout en contemplant les extraordinaires paysages.

Les mises à jour régulières peuvent inclure de nouveaux défis afin de renouveler régulièrement des challenges toujours plus excitants.

Un apprentissage tout en douceur

La sortie de MSFS est aussi l’occasion pour beaucoup de novices de s’initier au pilotage d’un avion. Pour ceci, le simulateur nous propose une série de leçons sur le Cessna 152, un des appareils les plus répandus pour l’écolage, afin de découvrir les principes du vol. Décollage, montée, pallier, descente, circuit, navigation à vue, atterrissage, entrainez-vous à toutes les manœuvres basiques du pilote privé. Simples et didactiques,ces cours devraient vous donner les bases nécessaires pour vous promener en toute sérénité dans le monde entier. En revanche, aucun tutoriel pour le vol IFR ou pour les avions plus complexes n’est présent. Nul doute que cela finira par venir mais les fonctionnalités de MSFS pour le vol aux instruments sont encore très perfectibles, il faudra donc encore être patient.

Une boutique intégrée

Toujours dans ce souci d’offrir une meilleure ergonomie et une logique plus intégrée, les add-ons des développeurs tiers aussi bien que ceux de Microsoft sont téléchargeables depuis la section « Boutique » de MSFS. C’est très pratique et élimine les problèmes à l’installation. Jusqu’à présent, l’immense majorité des vendeurs a demandé à être intégré à cette boutique, ce qui permet aux utilisateurs de consulter très facilement les offres disponibles. Pour les autres, une installation classique avec un installeur externe est toujours acceptée.

LA TERRE COMME EN VRAI

Asobo  et ses Alpha testeurs nous avaient nargué depuis des mois avec des captures d’écran plus que sensationnels à tel point que l’on n’arrivait plus à faire la différence entre le réel et le virtuel. Et bien une fois MSFS devant les yeux, on peut confirmer que le résultat n’était pas usurpé. C’est LE point fort du simulateur ou du moins le plus remarquable. L’équipe d’Asobo s’est littéralement surpassée et le bond en avant par rapport à la paire FSX / Prepar3D (même en 64 bits) est prodigieux. Les vols à vue (VFR) prennent une dimension jamais atteinte et permettent de faire des navigations précises et de véritablement découvrir le monde.

Une planète photo-réaliste à couper le souffle

Il faut dire que la partie graphique a subi une véritable révolution technologique. Nos simulateurs d’antan devaient se contenter principalement du valeureux Autogen pour afficher les décors depuis le disque dur. Asobo a implémenté dans MSFS l’intelligence artificielle de Microsoft Azure et Blacksharki.ai qui améliore à la fois le rendu et les performances. Ainsi, la planète est générée par les textures photo réalistes de Bing Map que MSFS « stream » en direct depuis les serveurs de Microsoft. Là aussi, mieux vaut avoir une bonne connexion mais l’IA s’adapte en fonction de celle-ci.

L’aspect et le niveau de détail sont saisissants. L’effet « générique » que l’on ressentait auparavant se fait bien moins présent. Les arbres, les routes, l’herbe, les lampadaires, etc… tout est bien plus précis et dessiné. La vue de nuit en altitude est particulièrement réussie et l’éclairage des routes et des villes impressionne. La cartographie des rues et des routes est également beaucoup plus fidèle à la réalité. Ainsi, même dans les zones non détaillées, on arrive à deviner l’emplacement de sa maison ou n’importe quel bâtiment connu. La topographie est aussi remarquablement crédible. Tout n’est pas cependant parfait, nous avons constaté quelques imperfections comme des raccords de textures manquants.

Microsoft propose gratuitement deux régions du monde détaillées à télécharger sur la boutique, le Japon et les Etats-Unis. D’autres sont également en cours de préparation. Les nombreux éditeurs tiers ne manqueront pas de se charger de couvrir la planète entière au fil du temps.

Des villes photogrammétriques impressionnantes

Dans MSFS, plus de 400 villes dans le monde ont droit à un traitement de faveur en étant reproduite de manière particulièrement précise. Pour ce faire, Asobo a utilisé la technique de la photogrammétrie qui consiste à un scan en 3D des villes réelles transposé sur le simulateur afin d’obtenir le rendu le plus fidèle à la réalité. Si les villes américaines sont les plus nombreuses à être modélisées ainsi, l’Europe n’est pas en reste mais ne cherchez pas Paris puisque la capitale française n’en fait pas partie en tant que ville protégée.

Le résultat est spectaculaire et les vols VFR au-dessus de New York ou Rome vont feront découvrir ces villes comme si vous y étiez. Une bonne connexion est aussi préconisée afin que les bâtiments s’affichent suffisamment vite. La boutique de MSFS contient déjà des villes supplémentaires ultraréalistes et cela ne fait que commencer.

Les villes sans photogrammétries sont évidemment moins précises mais le résultat reste globalement satisfaisant. Réglez le trafic des véhicules et vous obtiendrez des villes vraiment vivantes. Soulignons que l’architecture locale et le style de l’urbanisme sont plutôt bien respectés. Par exemple, vous retrouverez des petites maisons mitoyennes dans les faubourgs belges, des grandes barres dans les villes ukrainiennes ou des immeubles haussmanniens à Paris. Au risque de nous répéter, il semble qu’Asobo a voulu éliminer au mieux l’impression « générique » ou « par défaut » et reconnaissons que c’est plutôt réussi.

Des aéroports enfin vivants

Comme le reste, les progrès dans la réalisation des aéroports sont considérables et ceux-ci sont au nombre de 37 000 dans MSFS. Les bâtiments, revêtements au sol, éclairages, végétation etc… sont dans la lignée de ce que nous avons constaté jusqu’à présent. Comme pour les villes et les paysages, même les aéroports non détaillés sont très convaincants et cette ambiance « générique » est aussi nettement diminuée.

Une fois aux commandes et prêt à rouler, le détail le plus frappant est la modélisation de la pente des pistes et taxiways. Finies les pistes parfaitement planes et lisses. Les aspérités des revêtements se font ressentir au roulage et on entend alors le bruit de roues roulant sur les lampes de pistes par exemple. Cette impression est particulièrement présente sur les pistes en herbe. . Nous avons été en particulier subjugués par l’impression très immersive des « petits » terrains VFR.

L’autre apport majeur est la vitalité apportée à la vie aéroportuaire. Alors qu’auparavant même les plus grandes plateformes étaient des déserts humains, il y a désormais des agents au sol s’afférant autour des avions. Différents services sont disponibles à la demande via la radio. Ceux-ci peuvent être demandés au contrôle sur la fréquence sol, ce qui n’est pas franchement réaliste. Il aurait été plus judicieux d’y consacrer un menu spécifique. Petit détail d’importance : il est enfin possible de tourner à sa convenance avec le push back.

En fonction de la version de MSFS, plusieurs dizaines d’aéroports dans le monde sont ultra détaillés. Pour en avoir davantage, c’est vers la boutique qu’il faut se tourner ou des centaines de terrains réalisés par des éditeurs tiers sont déjà en vente.

DES FONCTIONALITES INEDITES

Un menu facilement accessible en vol et un copilote virtuel à votre service

Dans un souci d’une meilleure ergonomie en vol, Asobo a intégré une barre comprenant des icônes qui permettent d’afficher instantanément un certain nombre d’outils : fenêtre ATC, log de navigation, carte VFR, checklists,  etc… Concernant les checklists, celles-ci sont interactives et permettent de zoomer automatiquement sur le bouton en question si vous n’êtes pas encore familier avec votre poste de pilotage.

Au rang des nouveautés de MSFS, nous ne sommes plus vraiment seuls car nous accompagne désormais un copilote virtuel. Celui-ci peut s’occuper des communications radios et il peut également prendre les commandes et effectuer les checklists. C’est très pratique quand on veut se reposer ou profiter du paysage, y compris au roulage. Le copilote interagit avec les instructions de l’ATC et guide l’avion en conséquence. Il est parfaitement capable de conduire une approche et de mener l’avion en approche finale sans que vous ne touchiez aux commandes tout en respectant les bonnes vitesses et altitudes. Ce partage des tâches peut s’avérer salutaire sur des avions complexes ou quand la charge de travail devient élevée. Sa présence est purement fonctionnelle car aucune silhouette n’apparait dans le cockpit. Ces fonctions sont désactivables dans le menu.

Un trafic aérien mondial en direct

Ne pas voler seul et partager le ciel et les aéroports avec d’autres appareils, le tout sous la bienveillance du contrôle aérien, est un des piliers d’une expérience de simulation réaliste. Sur simulateur cela est rendu possible grâce au fameux Trafic AI.  Il est encore mieux de fréquenter le trafic aérien réel avec les vols et couleurs des compagnies réelles. Hélas, Flight Simulator et Prepar3D n’offraient qu’un trafic générique et aux couleurs de compagnies imaginaires. Quelle frustration de ne pas voir le tarmac de Paris CDG inondé d’avions aux couleurs d’Air France ou de croiser un Dreamliner d’American Airlines au dessus de l’Atlantique…Pour y remédier, des développeurs externes ont rivalisé de motivation pour incorporer un trafic aérien enfin réaliste.

Asobo a frappé encore plus fort en intégrant un trafic aérien mondial en temps réel en puisant des données directement depuis le serveur de FlightAware, le site de suivi des vols en direct. Ainsi MSFS génère en permanence le trafic aérien tel qu’il se déroule au-dessus de votre tête. Afin de se passer de connexion internet, il est toujours possible de basculer vers un mode « AI » classique.

En vol, vous entendrez sur la fréquence l’indicatif et le numéro de vol des avions autour de vous comme si vous y étiez. Gros bémol cependant, les avions ne sont pas aux couleurs des compagnies réelles et tous les modèles ne sont pas représentés. Nous sommes confiants que cela devrait évoluer prochainement.

Une météo dynamique et réaliste

Souvent décriée au point que posséder un add-on de météo pouvait être vu comme indispensable, la météorologie a également fait l’objet d’une attention particulière de la part d’Asobo. Le défi était à la fois d’avoir un rendu visuel satisfaisant et des effets sur le vol réaliste, deux domaines ou les prédécesseurs de MSFS péchaient lourdement. Disparue de Prepar3D, la météo réelle mondiale fait son retour en utilisant les données de Meteoblue, moteur de prévisions météorologiques professionnel bien connu.

Les nuages sont volumétriques en 3D et visibles à plus de 600 km de distance et peuvent être répartis sur 32 couches au maximum. Ceux-ci ne disparaîtront pas subitement comme ce fut le cas et les transitions et mouvements se font tout en douceur. Les effets des nuages comme les ombres ou le voilage des rayons du soleil sont magnifiquement restitués. Les précipitations comme la pluie ou la neige s’abattent sur le sol ou sur le pare-brise comme si vous étiez.

Une fois dans les nuages, nous sommes vraiment en IMC jusqu’à la sortie effective de la couche. En fonction de la température, l’accumulation de givrage sur la cellule sera visible et nécessitera d’utiliser le système de dégivrage ou de sortir des conditions givrantes pour s’en débarrasser. Si vous avez l’audace de faire du vol en montagne, prenez garde aux terribles rabattants ! Les turbulences se font ressentir de manière très réaliste.

On ressent vraiment les effets de la masse d’air sur la cellule et le pilotage de façon bien plus cohérente. Les phénomènes météorologiques semblent enfin avoir un impact poussé sur les conditions opérationnelles du vol.

Un ATC prometteur mais incomplet

Dans la liste des talons d’Achille des opus précédents, il y avait le contrôle aérien. Comme pour la météo, le trafic AI, il était nécessaire de faire appel à des créations externes pour bénéficier d’une expérience satisfaisante tant les possibilités de l’ATC étaient limitées, surtout en régime de vol IFR.

La conception de l’ATC dans MSFS n’est fondamentalement pas révolutionnaire mais l’ergonomie a été améliorée. L’interface est toujours constituée d’une fenêtre avec une liste d’option possible. Un progrès notable est l’amélioration des voix qui est moins robotique qu’auparavant. Les conversations peuvent être affichées en bas de l’écran, un peu à la manière des sous-titres d’un film, ce qui accroche bien le regard. Un copilote virtuel peut se charger des communications et du réglage des fréquences, option utile pour se concentrer sur le pilotage. En revanche ce dernier semble un peu trop pressé et demande le roulage à peine la radio sous tension.

Si le vol VFR est plutôt bien encadré, le contrôle aérien à ce stade est encore décevant en régime IFR. A part la sélection des procédures d’approche, il y a toujours énormément d’éléments manquants pour parvenir à un vol aux instruments bien guidé. Pas d’attribution de SIDs/STARs (pourtant présents dans le plan de vol), de procédures d’urgence, pas de déroutement, de direct vers un point de cheminement ni de circuit d’attente, etc… Nous avons aussi constaté quelques dysfonctionnements comme un guidage radar en approche défaillant (le contrôleur nous autorise en approche l’ILS mais ne donne aucun cap à suivre pour intercepter le loc). C’est fort dommage car ces fonctions seraient plus que bienvenues d’autant que cet ATC est agréable à utiliser et bien intégré à l’ensemble. Soyons optimistes, les espoirs vers une amélioration au fil des mises à jour de MSFS sont sérieux.

UN VASTE CHOIX D’APPAREILS

Une aérodynamique profondément retravaillée

A la liste des points faibles « historiques » de la série des simulateurs de Microsoft, nous pouvons ajouter le modèle de vol, c’est-à-dire le réalisme de l’aérodynamique. Il faut concéder que recréer une image fidèle de la mécanique du vol sur un logiciel n’est pas chose aisée, qui plus est dans cet environnement en 3 dimensions et dynamique qu’est le ciel.

Asobo s’est retroussé les manches pour faire taire les critiques et franchir un nouveau palier. Ce sont près de 1000 points de contrôles situés à divers endroits de l’aéronef qui analysent et calculent les paramètres du vol afin que les mouvements de celui-ci soient le plus précis possibles. De plus, les retours de nombreux pilotes professionnels ont été mis à contribution afin d’affiner au maximum le réalisme du modèle de vol.

Les progrès sont réellement spectaculaires sur toutes les phases du vol. Nous n’avons plus l’impression comme auparavant que l’avion soit comme sur des rails. L’effet de la masse d’air et des turbulences est beaucoup plus concret et le niveau d’inertie se fait également bien mieux ressentir ; ceux qui ont l’habitude de piloter en réel s’en apercevront instantanément. Même le roulage au sol et l’arrondi sont bien plus convaincants d’autant que comme nous l’avons vu, la pente du sol est prise en compte.

Sans avoir pu mesurer les résultats chiffres à l’appui, les avions inclus dans MSFS nous ont paru très cohérents en terme de performances et permettent de ressentir tous les efforts consentis par Asobo pour offrir le résultat la plus éloquent possible.

 Une flotte moderne de l’ULM au 747

Afin de satisfaire le plus grand nombre d’utilisateurs possible, Asobo nous propose dans son hangar un vaste choix d’appareils. Du pilote VFR du dimanche au pilote de ligne long-courrier, tout le monde y trouvera son compte, du moins en termes d’avions civils modernes. En effet, les appareils militaires ont disparu du catalogue, tout comme les hélicoptères et les hydravions. Les avions « vintages » ne sont plus de la partie également. L’accent est plutôt mis sur des productions récentes avec des systèmes derniers cris.

De l’ULM VL3, en passant par le Diamond DA62, le Beechcraft Bonanza, le Cessna Citation Longitude ou le Boeing 747-8i, vous serez plongé dans le monde du cockpit « tout écran ». Il reste cependant quelques résistants comme le Cessna 152 ou le Robin DR400, ou encore les Cessna 172 et Diamond DA40 disponibles aussi bien en version analogique que « glass cockpit ». La vedette de la flotte est certainement l’Airbus A320 Neo, nous y reviendrons. Attention, certains avions ne sont disponibles que sur certaines versions.

Comme les décors, la modélisation extérieure des avions est sublime et les nombreuses images publiées avant la sortie de MSFS n’étaient pas du bluff. L’intérieur, exclusivement en cockpit virtuel 3D, n’est pas en reste et les différents postes de pilotage apportent leur part d’immersion aux vols. On pourrait juste regretter que certains éléments ne soient pas mobiles comme le déploiement des pare-soleils, le réglage les sièges ou la sortie de la tablette dans l’A320 Neo, mais ce ne sont que des détails. Pour pousser le bouchon encore plus loin, la réalité virtuelle devrait débarquer lors de la prochaine mise à jour.

Les sons sont quant à eux issus d’enregistrements des avions réels et le sens du détail est très poussé. Bonne illustration : on distingue aisément le son caractéristique du moteur diesel du DA40 des autres monomoteurs. Lors de phase de turbulence ou de tout autre mouvement brusque dans des avions anciens comme le Cessna 172, on entend le bruit du mobilier craqueler trahissant alors son âge avancé. En revanche, aucune trace sonore humaine à bord, si ce ne sont les échanges avec le contrôle aérien.

Des systèmes très hétérogènes : l’histoire se répète

Nous ne pouvions pas réaliser ce test sans passer à la loupe un domaine fondamental d’un simulateur de vol : les systèmes des avions. C’est le revers de la médaille de la stratégie de s’adresser à la fois aux débutants et aux « simeurs » les plus exigeants. Comme par le passé, plus on monte en gamme dans les appareils, moins les systèmes sont réalistes et complets. Les premiers s’en contenteront mais les seconds grinceront des dents. MSFS n’échappent pas à cet adage même si de nombreux progrès ont été réalisés. Si les petits avions de l’ULM au monomoteur sont très bien modélisés (mention spéciale pour le DR400 qui nous a vraiment séduit), cela se gâte dès que les systèmes se complexifient.

Comme vous le savez, la majorité des avions est équipée de glass cockpit et Asobo a privilégié l’implantation de l’avionique Garmin. Les GPS simples de type Pro Line Touch et G430/530 sont très réussis, le célèbre G1000 et ses évolutions G3000/G5000 s’en sortent avec les honneurs malgré plusieurs fonctions défaillantes comme la gestion de la navigation verticale (VNAV) ou absentes (la gestion des performances par exemple). Cela devient franchement superficiel sur les avions équipés de FMS, comme le CJ4 ou les 747-8i, 787-10 et A320 Neo.

Pour le reste des systèmes (moteurs, hydrauliques, électriques, etc…), nous l’avons dit, les petits monomoteurs, du moins en version analogique sont complets. Dès que nous passons à des avions plus complexes, le nombre de systèmes non simulés augmente et il y a parfois des incohérences, comme le système ECU (Engine Control Unit) du DA40 qui s’est perdu en route entre la version analogique et la version glass cockpit, ou encore le clavier du G1000 (fort appréciable car les molettes sont franchement désagréables et imprécises à utiliser avec la souris) non fonctionnel sur le Cirrus SR22.

En arrivant aux avions d’affaires, les boutons non fonctionnels pullulent. Nous avons été particulièrement déçus par le King Air 350i et le Citation CJ4. En revanche, nous attribuons une bonne note au sympathique TMB930.

S’agissant des avions de ligne, ils sont plutôt présents pour donner un aperçu de leur pilotage et n’espérez pas y trouver quelconque profondeur dans les systèmes. Terminons tout de même sur une remarque positive en soulignant qu’ils sont tout de même équipés de FMS, d’un radar météo et d’EGPWS (certes simplifiés), ce qui n’était pas le cas sur FSX. Soyons indulgents et n’oublions pas que développer un avion de ligne et tous ses systèmes est un travail de bénédictin et constitue un logiciel à part entière, il faudra donc compter sur les éditeurs tiers qui sont déjà au travail pour transposer leurs réalisations sur MSFS.

L’A320 Neo amélioré par la communauté

Il s’était fait tout de suite remarqué par le public dès son annonce de son intégration dans MSFS. Le célèbre biréacteur à succès d’Airbus n’a hélas pas bénéficié de la sophistication que beaucoup espérait malgré son magnifique potentiel. Pour y remédier, un groupe de passionnés s’est uni pour perfectionner l’engin, il s’agit de l’éditeur FlyByWire Simulations.

Depuis des mois, ceux ci publient gratuitement des améliorations de l’A320 Neo de MSFS. Les systèmes sont progressivement améliorés, remplacés ou simplement ajoutés lorsqu’ils sont manquants. Le chemin est encore long pour rehausser l’ensemble mais les progrès sont déjà spectaculaires. La version actuelle au moment où nous écrivons ces lignes (v0.4.1) contient déjà un plafonnier quasiment entièrement fonctionnel et les pages et messages ECAM sont nombreux. A ce rythme-là, tout porte à croire que FlyByWire finira par transformer le basique A320 en add-on hardcore.

ET POUR FAIRE TOURNER TOUT CA ?

Vous faudra t’il investir dans du nouveau matériel?

Quand les premiers clichés de MSFS avait été dévoilés, beaucoup d’entre nous étaient tout aussi bien émerveillés par la beauté des graphismes que terrifiés en s’imaginant la machine nécessaire pour bien faire tourner une telle usine à gaz.

A vous de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. Ne faisons pas de détour, MSFS demande dans l’absolu une configuration costaude, mais pas plus que pour la dernière version de Prepar3D, ce que nous voyons comme positif au vu de l’énorme gain en matière de rendu visuel et de technologie. L’intelligence artificielle, qui a pris une place prépondérante, fait un excellent travail d’optimisation et nous obtenons une excellente fluidité même dans des zones aux décors complexes et avec des réglages élevés. Pour donner un exemple concret, en approche finale à New York JFK avec le 747-8i (une situation qui met la configuration à rude épreuve), nous obtenons entre 20 et 30 FPS en niveau de réglage « haut », ce qui est plutôt satisfaisant. Si votre PC tournait correctement avec P3D, il supportera sans problème MSFS. Ceux pouvant s’offrir des machines encore plus puissantes n’auront évidemment aucun problème pour exploiter l’immense potentiel de MSFS dans son entier et réaliser des captures d’écrans encore plus belles.

La consommation de données internet peut aussi être problématique pour les petites connections, mais Asobo a pensé à tout. Il est possible dans les options de limiter le volume de téléchargement sur une période donnée, ainsi que de limiter le débit bande passante (pour ne pas trop ralentir les autres appareils connectés sur votre réseau par exemple). Dans ce cas, le simulateur utilisera des données mises en cache sur votre disque dur dont le volume est réglable à souhait.

Notre machine test

Windows 10 Professionnel

Intel i7-7700K 4.2 Ghz

SSD M2 256 Go

RAM DDR4 16 Go

RAM 16 Go

KFA GeForce GTX 1070

 

BILAN

Ce que nous avons aimé (+)

  • Les graphismes incroyables
  • L’ergonomie excellente
  • La météo réaliste
  • Le vaste choix d’appareils
  • L’aérodynamique convaincante
  • Le trafic AI réel et en direct
  • L’implémentation des SIDs/STARs dans la planification
  • Les données de navigation à jour grâce à Navblue
  • Les défis d’atterrissages sympathiques
  • La fluidité étonnante
  • La philosophie du développement participatif

Ce que nous avons moins aimé (-)

  • L’ATC encore perfectible
  • La modélisation des systèmes souvent trop légère
  • Les avions du trafic AI génériques
  • Pas d’hélicoptère ou d’avion « vintage »

NOS NOTES ...
Note finale
Article précédentYour Controls : Le cockpit partagé pour MSFS 2020
Article suivantA320 Neo FlyByWire : les travaux en cours
microsoft-flight-simulator-2020-notre-grand-testMicrosoft a réussi un coup de maitre en ravivant son légendaire simulateur de vol dans cet opus entièrement repensé. Ce Flight Simulator millésime 2020 fait prendre un sacré coup de vieux à tout ce qui existait auparavant en utilisant des technologies inédites dans le domaine. Beaucoup plus ergonomique, fluide, bardé d’intelligence artificielle et développé de concert avec le publique, son concept définit les nouveaux standards de la simulation. Et que dire de ce rendu visuel somptueux… Nous tirons notre chapeau à l’équipe d’Asobo qui s’est surpassée en élaborant le meilleur jeu du genre de l’histoire. Nous pardonnons aisément les quelques lacunes de jeunesse et les systèmes des avions parfois trop légers. De toute façon, plus de 500 développeurs tiers sont déjà sur les rangs et les mises à jour sont récurrentes, ce qui laisse présager d’une grande longévité et d’un potentiel d’évolution encore gigantesque !

6 Commentaires

  1. Merci pour ce test très complet. Il n’y a pas que les systèmes avions qui sont un peu léger, il y a aussi quelques aberrations ( j’ai pu laissé un cessna voler en condition givrantes pendant des heures 🙂 hummm Ca marche moins bien en vrai. Le TBM a tendance a frétiller de la queue. Etc…
    Comme vous, sorti du c152,c172,DR400 je reste sur ma faim!! Vivement PMDG et attendons quelques corrections des bugs 😉. En entendant, c’est très bien pour le tourisme 🤣

  2. Merci à votre équipe d’Avionic pour cet article complet, très satisfait d’avoir enfin l’heure juste, après quelques mois à suivre les premiers utilisateurs sur des groupes de discussions. Ceci nous permet d’ajuster nos attentes, de mieux préparer nos tours pour MSFS et de planifier nos achats avec les autres éditeurs-développeurs.